Adriaen Van Ostade, né Adriaen Hendricx (baptisé à Haarlem le 18 décembre 1610 – y enterré le 2 mai 1685), est un peintre et graveur néerlandais spécialisé dans la scène de genre, et plus particulièrement l’illustration de la vie paysanne. Ses œuvres, très nombreuses et de format réduit pour la plupart, héritières de Brueghel l’Ancien, sont notamment caractérisées par un traitement caricatural des personnages et un certain humour.
Selon Arnold Houbraken, c’est auprès de Frans Hals (v.1581-1666) qu’Adriaen Van Ostade aurait fait son apprentissage vers 1627 à Utrecht, en compagnie d’Adriaen Brouwer (v.1605-1638) et Jan Miense Molenaer (v.1610-1668). L’œuvre de Van Ostade partage cependant davantage de points communs avec celle de Brouwer qu’avec celle de Hals.
D’après les documents, Van Ostade est actif comme peintre dès 1632, et c’est à partir de l’année suivante qu’il commence à réaliser des œuvres dans un genre hérité de Brueghel l’Ancien, genre auquel il restera fidèle quasiment tout au long de sa carrière. En 1634, il est admis dans la guilde de Saint-Luc de Haarlem, au sein de laquelle il exercera plusieurs fonctions, dont celle de doyen en 1647 et en 1661. À l’âge de 26 ans, il incorpore la Schutterij de Haarlem. En 1657, Adriaen Van Ostade se convertit au catholicisme et épouse en seconde noce une dénommée Anna Ingels. Ses dernières œuvres datées ne montrent aucun signe de déclin. Il meurt à Haarlem en 1685 et est enterré dans l’église Saint-Bavon (Grote kerk St-Bavo) le 2 mai.
Van Ostade, outre son propre frère Isaac, eut semble-t-il également pour élèves Cornelis Bega, Cornelis Dusart et Richard Brakenburg.
Van Ostade fut le contemporain de David Teniers le Jeune et d’Adriaen Brouwer. Tout comme eux, il passa sa vie à dépeindre les sujets les plus ordinaires : scènes de taverne, fêtes de villages et le milieu paysan en général. Ce qui distingue Van Ostade de Teniers, c’est que la condition des classes agricoles, l’atmosphère ainsi que les habitations étaient différentes au Brabant septentrional et en Hollande. Le Brabant est plus ensoleillé et bénéficie d’un confort plus grand ; aussi, l’œuvre de Teniers est-elle plus argentée et pétillante, et les gens qu’il peint sont les fidèles représentants de leur culture. La Hollande, et Haarlem, semble avoir souffert davantage de la guerre ; l’air y est humide et embrumé, et les gens dépeints par Van Ostade sont marqués par le sceau de l’adversité dans leurs traits et leur habit.
Adriaen Brouwer, qui a peint le paysan néerlandais dans ses gaités et ses passions, est resté plus que Van Ostade fidèle à l’esprit de Frans Hals dans ses représentations, mais le type d’œuvre est identique. Durant les premières années de sa carrière, Van Ostade tendait vers la même exagération et la même gaité, mais il se distingue de Brouwer par un traitement particulier de la lumière et de l’ombre, avec un recours assez régulier au clair-obscur. Ses harmonies restèrent pendant un certain temps limitées aux tons de gris, mais son traitement est sec et prudent dans un style qui ne fuit ni les difficultés ni les détails. Il nous montre les maisons des campagnes : à l’extérieur, des feuilles de vigne masquent la pauvreté des murs ; à l’intérieur, les charpentes sont à nu, les cheminées croulantes, et ce sont des échelles qui font office d’escaliers : la maison rustique néerlandaise de l’époque. La force de Van Ostade est que, souvent, il réussit à capturer le côté poétique de la classe paysanne en dépit de son caractère grossier. Il a éclairé d’une lumière magique leurs humbles divertissements, leurs querelles, et même leurs humeurs et plaisirs moins bruyants ; il a revêtu leurs maisons en ruine de végétation joyeuse.
Étant donnée la tendance à l’effet qui dès le début caractérise Van Ostade, celui-ci devait naturellement éprouver l’envie de rivaliser avec les chef-d’œuvres de Rembrandt. Ses premiers tableaux ne sont pas tellement rares, et l’on peut suivre la façon dont il a glissé d’une période vers une autre. On peut aisément étudier les harmonies de gris acier et la caricature exagérée de ses premières œuvres, entre 1632 en 1638 dans des tableaux comme Taverne de village avec quatre personnages (Residenzgalerie, Salzbourg, 1635), Danse de paysans dans un grange (Liechtenstein Museum, Vienne, 1635), Intérieur de cabaret (Musée du Louvre, vers 1636), Barbier de village arrachant une dent (Kunsthistorisches Museum de Vienne, non signé, vers 1637), entre autres. La plupart de ces pièces sont marquées par le même style.
Vers 1638 ou 1640, on observe un soudain changement dans le style de Van Ostade sous l’influence de Rembrandt. À cette époque, il peint l’Annonce aux bergers (Herzog Anton Ulrich-Museum, Braunschweig) : la scène – des anges apparaissent dans le ciel à des paysans néerlandais à moitié endormis devant une maison de village au milieu de leur bétail, leurs moutons et leur chien – fait immédiatement venir à l’esprit le sujet similaire traité par Rembrandt (L’Annonce aux bergers, Musée du Louvre, Paris), où les groupes principaux sont éclairés de manière efficace par les rayons projetés sur terre depuis un ciel nuageux. Van Ostade n’est cependant pas parvenu à insufler dans sa version une force et une expression dramatique : ses bergers ne montrent pas beaucoup d’émotion, de passion ou de surprise. Son tableau constitue un effet de lumière, et est maîtrisé en tant que tel, dans ses touches superficielles de tons brun clair soulagées par des lumières rendues par davantage de matière, mais il ne possède pas ces qualités qui rendent intéressants ses sujets habituels.
En 1642, il réalisa l’Intérieur de chaumière. On y voit un couple et leur petit enfant assis près d’une grande cheminée, dans l’unique pièce d’une maison de village obscure, faiblement éclairée par un rayon de soleil traversant la fenêtre. On pourrait s’imaginer que le peintre avait pour intention de représenter la Nativité ; mais rien dans la scène ne fait référence au sacré ; il ne s’y trouve même rien de particulièrement attirant, en fait, si ce n’est une transparence dans le style de Rembrandt, les tons bruns, et le souci des moindres détails. Van Ostade était plus à l’aise pour appliquer un effet similiaire dans la scène anecdotique de l’Abattage du porc, un des chefs-d’œuvre de 1643. Dans ce sujet, ainsi que dans des sujets identiques des années précédentes et suivantes, il revient aux thèmes simples dans lesquels il était passé maître par sa puissance et un remarquable sens de l’observation.
Il ne semble pas avoir abordé à nouveau de sujets tirés des évangiles avant 1667, année d’une Nativité qui, dans la composition et les couleurs, n’est surpassée que par les œuvres de Rembrandt : la Sainte Famille, dit aussi Le Ménage du menuisier (Musée du Louvre), ou une autre Sainte Famille de Rembrandt, également appelée La Famille du bûcheron (Staatliche Museen Kassel – Gemäldegalerie Alte Meister, Cassel).
Dans l’intervalle, les thèmes plus ordinaires auxquels Van Ostade consacra ses pinceaux sont quasiment innombrables : depuis des petits personnages représentés seuls, bustes de poissonniers et autres boulangers, des groupes de fumeurs ou de buveurs, à des représentations plus complexes : allégories des cinq sens, rixes dans des maisons à la campagne, des scènes de jeu, ou dans lesquelles interviennent des comédiens et des charlatans itinérants, ou encore des joueurs de quilles.
Certains de ses tableaux possèdent un humour communicatif. Parmi les plus remarquables, on peut citer: les Paysans dans une taverne de 1662 de la Mauritshuis à La Haye, Le Maître d’école de la même année, le Repos des chasseurs de 1671 du Rijksmuseum à Amsterdam, et Le Ménétrier de 1673 de la Mauritshuis.
Au Rijksmuseum d’Amsterdam se trouve la représentation, de dos, d’un peintre assis à son chevalet. Le broyeur de couleurs est au travail dans un coin, un élève prépare une palette, tandis que sur le sol un chien noir dort. L’œuvre fut exécutée vers 1640. Une réplique de ce tableau, datée de 1663, se trouve au musée de Dresde. Il est possible que, sur ces deux exemplaires, Van Ostade se soit représenté lui-même mais, malheureusement, nous ne voyons pas son visage. Le peintre se montre par ailleurs en train de travailler à une toile dans une gravure ; il s’y est représenté de profil.
Le visage du peintre nous est toutefois connu par un autre tableau exécuté au début des années 1650, Portrait de la famille De Goyer et du peintre. Des recherches d’archives ont en effet permis de l’identifier au côté des De Goyer, une importante famille d’Amsterdam : il s’agit de l’homme assis à gauche.
À la mort d’Adriaen Van Ostade, le stock de ses tableaux invendus représentait plus de deux cents pièces. Ses estampes furent mises aux enchères en même temps que les tableaux. Cinquante parmi celles-ci, la plupart datée de 1647-1648, furent vendues en 1686. À la fin du XIXe siècle, John Smith dénombrait 385 tableaux de Van Ostade, tandis qu’en 1910, Cornelis Hofstede de Groot, dans son Catalogue raisonné basé sur celui de Smith, en estimait le nombre à plus de 900.
Aujourd’hui, l’art de Van Ostade peut être étudié à travers une large série d’œuvres, souvent datées, qui ornent chaque capitale européenne. Les musées européens qui en possèdent le plus grand nombre sont le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, le Musée du Louvre de Paris et le Rijksmuseum d’Amsterdam. On en trouve aussi plusieurs exemples dans les collections de la cour d’Angleterre (Royal Collection). Le peintre est également représenté dans quelques grands musées américains. Cependant, beaucoup d’œuvres intéressantes figurent dans des collections privées.
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