Salvator Rosa

Napoli, 1615-1673

Salvator Rosa

Salvator Rosa est un poète satirique, acteur, musicien, graveur et peintre italien né en juin 1615 à Arenella, un quartier de Naples, décédé en mars 1673 à Rome.
La devise de Salvator « aut tace aut loquere meliora silentio » (« Tais-toi, à moins que ce tu as à dire vaille mieux que le silence ») figure sur son autoportrait à la National Gallery à Londres.

Comme son père souhaitait que son fils devînt avocat ou prêtre il le fit entrer au couvent des pères Somasques. Cependant, Salvator préférait les arts et en secret travaillait avec son oncle maternel, Paolo Greco, pour apprendre la peinture et bientôt il alla chez son propre beau-frère, Francesco Francanzano, un élève de Ribera puis chez Aniello Falcone, en même temps que chez Domenico Gargiulo, ou chez Ribera lui-même. Il continua son apprentissage avec Falcone, en l’aidant à réaliser ses scènes de bataille. Dans cet atelier, on dit que Lanfranco remarqua son travail et lui conseilla d’aller à Rome, où il resta de 1634 à 1636.

Revenu à Naples, il se mit à peindre des paysages étranges, envahis par la végétation, des rivages déchiquetés, des montagnes et des grottes. Rosa fut parmi le premier à peindre des paysages « romantiques », avec une prédilection pour les scènes pittoresques et souvent agitées, ainsi que les scènes crues où l’on voyait des bergers, des brigands, des marins et des soldats. Ces premiers paysages se vendirent à bas prix par l’intermédiaire de petits marchands. Cette sorte de peinture lui convenait particulièrement.

Il revint à Rome en 1638-1639, où il fut hébergé par le cardinal Francesco Maria Brancaccio, évêque de Viterbe. C’est pour l’église Santa Maria della Morte de Viterbe qu’il peignit son premier et un de ses rares retables représentant l’Incrédulité de saint Thomas.

Rosa avait beaucoup de facilité pour la peinture, la Bataille Héroique 1664 peinte en huit jours il s’intéressait à toute une série d’arts : la musique, la poésie, l’écriture, la gravure à l’eau-forte et la comédie. À Rome, il se lia amitié avec Pietro Testa et Claude Gellée.

Ses pièces de théâtre eurent du succès mais elles lui valurent des ennemis puissants à Rome parmi les mécènes et les artistes, y compris Bernini lui-même. À la fin de 1639, il dut se réfugier à Florence où l’avait invité le cardinal Gian-Carlo de Médicis et où il resta huit ans. Une fois sur place, Rosa réunit une sorte d’atelier et de salon de poètes, de dramaturges et de peintres – ce qu’on a appelé l’Accademia dei Percossi (« l’Académie des Frappés »). Dans le milieu artistique rigide de Florence, il présenta ses toiles montrant des paysages sauvages ; malgré son influence, il attira peu de vrais élèves. Un autre peintre et poète, Lorenzo Lippi, partageait avec Rosa l’hospitalité du cardinal et fréquentait le même cercle d’amis. Il était en bons termes également avec Ugo et Giulio Maffei et logeait avec eux à Volterra, où il écrivit quatre satires, Musique, Poésie, Peinture et Guerre. Vers la même époque il fit son autoportrait, à présent à la National Gallery de Londres.

En 1646 il revint à Naples et il semble qu’il ait sympathisé avec l’insurrection de Masaniello, comme le suggère un passage dans une de ses satires. Il est douteux cependant qu’il ait participé réellement à la révolte. On a raconté que Rosa, avec d’autres peintres (Coppola, Paolo Porpora, Domenico Gargiulo, Dal Po, Marzio Masturzo, les deux Vaccari et Cadogna), tous sous les ordres d’Aniello Falcone qui était leur capitaine, avaient formé la Compagnia della Morte, qui se proposait de faire la chasse aux Espagnols dans les rues, sans même épargner ceux qui chercheraient asile dans un lieu sacré. Il a peint un portrait de Masaniello – probablement d’après ses souvenirs plutôt que sur le personnage vivant. À l’approche de don Juan d’Autriche, cette Compagnia sanguinaire se dispersa.

D’autres racontent qu’à ce moment il s’enfuit pour se joindre à des brigands des Abruzzes. Finalement il revint à Rome en 1649 et y resta. Il y peignit quelques sujets importants, et fit preuve d’une disposition d’esprit peu commune qui le fit passer du paysage à l’histoire avec Démocrite au milieu des Tombes, La Mort de Socrate, La Mort de Regulus (tous les deux sont à présent en Angleterre), La Justice quittant la Terre et La Roue de la Fortune. Cette dernière œuvre, satirique, souleva une tempête de controverse. Rosa, pour arranger les choses, publia une description de sa signification (où il atténuait passablement les faits réels), ce qui ne l’empêcha pas de se trouver à deux doigts d’une arrestation. C’est vers cette époque que Rosa écrivit sa satire appelée Babylone, sous laquelle il fallait lire évidemment le nom de Rome.

Tout autour de lui grondait une hostilité sourde. On prétendit que les satires qu’il avait publiées n’étaient pas de lui, mais qu’il les avait volées à d’autres. Rosa repoussa ces accusations avec indignation, bien qu’à la vérité les satires traitent de façon si intensive et si fouillée de personnes, d’allusions et d’anecdotes classiques, qu’on a bien du mal à voir à quel moment de sa carrière si remplie Rosa aurait pu avoir meublé son esprit avec une telle multitude de détails assez érudits. On a le droit peut-être de supposer que les amis littérateurs à Florence et Volterra lui ont donné des conseils sur la matière de ses satires, comme sur leur composition, il n’en reste pas moins qu’elles sont absolument et entièrement de lui. Pour confondre ses détracteurs il écrivit alors la dernière de la série, intitulée « Envie ».

Parmi les peintures de ses dernières années on trouve l’admirable Bataille avec les navires brûlant au large dans un carnage qui n’en finit pas, ainsi que Saül et la Sorcière d’Endor (qui est peut-être sa dernière œuvre) maintenant au musée du Louvre, peint en 40 jours, Pythagore et les Pêcheurs et Le Serment de Catilina (au Palais Pitti).

Alors qu’il travaillait à une série de portraits satiriques, dont le dernier devait être le sien, Rosa fut frappé d’ hydropisie. Il mourut six mois plus tard. Dans ses derniers moments il se maria avec une Florentine du nom de Lucrèce, qui lui avait donné deux fils, dont l’un devait lui survivre, et il mourut plein de repentir. Il est enterré dans l’église des Anges, où on a placé un portrait de lui. Après les luttes de sa première jeunesse, Salvator Rosa avait réussi à se constituer une fortune coquette.

C’était un graveur de mérite, avec une série représentant des petits soldats, qui lui valut beaucoup de popularité et d’influence, et d’un certain nombre de sujets plus grands et très ambitieux.

Ici vous pouvez voir les œuvres de l'artiste qui font partie de la collection.