Sébastien Leclerc (ou Sébastien Le Clerc), baptisé le 26 septembre 1637 à Metz et mort à Paris le 25 octobre 1714 est un dessinateur, peintre, graveur et ingénieur militaire lorrain.
Sébastien Leclerc reçut de son père, l’orfèvre Laurent Leclerc (1590-1695), ses premières leçons dans l’art du dessin ; il montra aussi, de bonne heure, un goût ardent pour les mathématiques, et poussa même fort loin ses études du côté de la géométrie et de la perspective. Ses premiers essais furent accueillis favorablement dans sa ville natale, où il grava une vue de la ville en 1650, quatre écrans en 1654, et la Vie de saint Benoît, en trente-huit pièces, en 1658.
Malgré cet accueil encourageant, Sébastien Leclerc ne pouvait résister à son penchant pour l’étude des sciences ; à force de démarches, il se fit attacher comme ingénieur géographe près du maréchal de la Ferté. Pendant ce temps, il exécuta plusieurs plans de forteresses du pays messin. Mais un jour il apprit qu’on avait présenté au roi un de ses dessins comme étant l’œuvre d’un autre ; il ne put se résoudre à supporter cet affront et il abandonna ses fonctions. Désirant toujours, malgré cet échec, se perfectionner dans le génie militaire, il décida de venir à Paris, pour y étudier plus à son aise et mieux cet art qu’il avait l’ambition d’illustrer. Il arriva dans la capitale vers 1665, avec des recommandations pour le peintre Charles Le Brun qui, après lui avoir fait faire quelques dessins et après avoir vu ses gravures, s’aperçut qu’il y avait en Leclerc l’aptitude d’un artiste éminent, et lui conseilla d’abandonner les sciences pour se livrer exclusivement au dessin et à la gravure. Sébastien Ledere écouta le conseil de ce savant peintre : dès ce jour, son parti fut irrévocablement pris.
Protégé par un artiste si haut placé, Sébastien Leclerc n’eut pas de peine à obtenir des commandes ; les libraires s’empressaient de lui faire graver des estampes pour orner leurs livres : on le savait poussé par Charles Lebrun, chacun voulait avoir quelques-unes de ses planches. Sa réputation grandissait de jour en jour : bientôt Colbert lui-même voulut s’attacher Sébastien Leclerc. Il lui donna un logement aux Gobelins avec une pension de 600 écus, mais il y mit la condition expresse qu’il consacrerait exclusivement son talent au service du roi. Sébastien Leclerc accepta cette position. Colbert avait désigné, pour le remplacer dans sa charge de surintendant des bâtiments, celui de ses fils qui devint plus tard le marquis de Blainville ; Sébastien Leclerc donna des leçons de dessin et des conseils à ce jeune homme.
En 1672, le chancelier Séguier mourut. Le Brun, choisi pour faire le dessin du catafalque dressé à cette occasion, chargea Leclerc de le graver et il fut si content du travail de son protégé, qu’il présenta en même temps l’artiste et son œuvre aux suffrages de l’Académie royale de peinture et de sculpture qui l’accepta unanimement, le 16 aout 1672. En considération de ses études anciennes, il fut même de suite nommé professeur de géométrie et de perspective. L’Académie gagnait, par cette admission, un savant professeur et Sébastien Leclerc pouvait considérer que sa fortune était faite.
L’année suivante, Sébastien Leclerc se maria ; il épousa une des filles d’un teinturier du roi, nommé Vandenkerchoven, et il eut de ce mariage dix enfants, six fils et quatre filles. Un seul de ses fils a acquis un certain nom dans la peinture ; il portait le même prénom que son père et mourut en 1757. La vente de son cabinet eut lien en 1764, et mit en circulation un grand nombre de dessins et d’estampes provenant de la succession de son père.
Aux Gobelins, Sébastien Leclerc était contraint, à cause de la pension qu’il recevait, de travailler uniquement pour le roi ; voyant sa famille augmenter et aussi sa réputation grandir, il abandonna la pension de 1 800 livres qu’il touchait annuellement et retrouva ainsi sa liberté. À partir de cette époque, on le voit travailler à un nombre considérable se planches ; il ne parait pas un livre important qui ne soit orné d’une gravure de Sébastien Leclerc ; les vignettes, les têtes de page de toutes les oraisons funèbres, sont du dessin et de la gravure de Leclerc ; les livres de piété, les romans de l’époque, fourmillent de gravures de Leclerc ; c’était la mode d’employer son burin.
En 1684, Sébastien Leclerc grava une planche curieuse au point de vue de l’histoire de l’art. Pendant que Le Brun dirigeait la manufacture des Gobelins, on avait coutume d’élever chaque année, en son honneur, un Mai. Sébastien Leclerc a gravé une représentation de cette cérémonie, dans laquelle il montre l’instant où l’on dresse l’arbre immense, garni d’emblèmes flatteurs pour Le Brun ; au-dessous, il fait voir les fêtes qui accompagnent cette ascension. Cette solennité, dont peu d’historiens font mention, a trouvé dans Leclerc un fidèle miroir et un curieux chroniqueur.
En 1710, Sébastien Leclerc eut à craindre un moment de perdre la vue ; il fut obligé de suspendre momentanément ses travaux ; il les reprit bientôt, mais pour quelques années seulement. La mort l’enleva alors qu’il venait de mettre la dernière main à son Traité d’architecture qui couronnait sa carrière en finissant un traité auquel avaient tendu toutes ses études.
Par son esprit et son talent de composition, Sébastien Leclerc est compté parmi les premiers artistes du XVIIe siècle ; sa fécondité est incomparable. Son catalogue, rédigé par Th.-Ant. Joubert, comprend 3 412 pièces, et presque toutes sont de sa composition. Une intelligence remarquable, une délicatesse à graver les plus petits dessins, une certaine grandeur à traiter les sujets les plus grandioses et les plus fastueux, telles ont été les principales qualités qui lui ont été assignées ; on a pu lui reprocher quelque monotonie et parfois des inégalités dans les planches destinées à orner un même livre ; mais comment ne pas se répéter un peu lorsque l’on grave plus de trois mille pièces ? Sébastien Leclerc doit donc, être compté parmi les plus habiles graveurs à côté de Callot, d’Abraham Bosse et de Brebiette.
Ici vous pouvez voir les œuvres de l'artiste qui font partie de la collection.