Réapprendre à rêver

Cette semaine, le mercredi 23, vient d’apparaître en librairie un livre de l’acteur Jean Rochefort qui a comme titre « Ce genre de choses », publié chez Stock, en 208 pages. Des pages apparemment, selon les critiques littéraires, pleines de subtilité, d’espoir et d’idées sur le passé et sur l’avenir.

Pour Nicolas Ungemuth (cf. Le Figaro du 18 octobre) ‘quand Jean Rochefort écrit un livre, cela ne ressemble à rien de connu’. Dans ce livre il s’exprime sur sa carrière, ses amis (Jean-Paul Belmondoet Jean-Pierre Marielle en tête d’affiche), Mai 68, la politique, son goût pour la littérature (avec une claire et nette passion pour Céline), son sens de l’élégance (même en baskets jaune citron), ses goûts musicaux (le jazz et la musique baroque), etc., et cela pour lui signifie ‘ce genre de choses’…

Dans cet ouvrage iconoclaste et élégant, comme lui-même et à sa manière, il papillonne et butine ses souvenirs, son sens de la beauté, son amour pour le verbe, sa volonté de raconter des choses importantes avec de l’humour.

J’ai beaucoup aimé son approche sur Mai 68, cette kermesse que Milos Forman avait si bien définie: « Vous courez après ce que nous avons fui »…Rochefort a vécu cette époque-là de façon épouvantable. Pour lui, Mai 68 était une révolution mondaine dans laquelle il n’y avait aucune classe ouvrière puisque les Soviétiques avaient interdit aux communistes français d’y participer, il y voyait un snobisme énorme dans un cadre où « le milieu des artistes était plus qu’à gauche ». En 68, Rochefort était prodigieusement navré de voir que tout le monde se trompait à ce point, et rêvait d’un système qui était en réalité un enfer. Merci soient données à Céline ou André Gide qui avaient déjà compris à cette époque-là de quoi on parlait!

Mais, de toute façon, je trouve encore plus intéressant à lire son regard sur notre époque. La génération de Rochefort sortait de la seconde guerre mondiale, et lorsqu’il y a eu une grande boucherie, la réaction des survivants est toujours le besoin de l’autre. Par contre, aujourd’hui, nous sommes dans une période qu’il trouve assez cruelle, parce qu’il y a l’angoisse de ne pas gagner sa vie, de ne pas réussir. Pour Rochefort il y a une absence de rêve, un relationnel qui n’est pas toujours sincère, une préoccupation pour le ‘statut’…Pour lui, et j’en suis bien d’accord, il faut réapprendre à rêver.

Et il est aussi assez dur avec la situation de la France: « la France a été une très grande nation sur le plan culturel, scientifique, linguistique. Aujourd’hui, nous sommes pleins de poussière. D’un côté, je ne vais pas louer la force du progrès parce que j’ai peur qu’elle nous étouffe, mais il faudrait retrouver notre pouvoir, l’aura qu’avait la France au XVIIIe siècle…Il faut y croire: l’espoir est nécessaire pour survivre ».

Voilà la leçon de maître Rochefort: il faut réapprendre à rêver, l’espoir est nécessaire pour survivre et il faut se nourrir des autres. Je vous le souhaite et je le souhaite à ce corps qu’on appelle la France, même s’il est poussiéreux, fatigué et malade. Il nous faut de l’espoir, du rêve, et du besoin des autres.

 

Etiquettes: artistes, France, rêve

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