Présence contemporaine de la gravure

"Melancolía I" Alberto Durero (1514)

« Melancolía I » Alberto Durero (1514)

Depuis la nuit des temps, des avant-gardes et de la modernité artistiques, et même avant, la gravure a été considérée comme le parent pauvre des Beaux-arts, familier, aimable et pétillant, agréable à table, bien élevé, qui permet tous les espoirs…mais qui ne décolle pas suffisamment…La gravure sert, comme elle a toujours rendu service à nos artistes, au moins pour se faire connaître plus largement. Elle est un strapontin qui les aide à survivre, surtout dans des périodes (comme l’actuelle) dominées par la crise économique, les surenchèresmédiatiques, l’absence du sens du risque de la part de la plupart des galeristes, la folie des prix (non des valeurs) des grands popes de l’art du moment, etc…

Et malgré tout, la gravure reste présente dans l’esprit et le travail de nos artistes; elle est représentée (même si c’est très faiblement) dans certaines galeries par des galeristes audacieux, sous toutes les techniques possibles, de la xylographie à l’estampe digitale; des manifestations et des rassemblements s’organisent (http://www.manifestampe.org/) et il y a un public fidèle mais peu nombreux.

C’est pour soutenir ces actions, cette implication et le courage qu’elles représentent que l’article de cette semaine est consacré à trois événements liés à la gravure et qui ont lieu dans des territoires de langue française. Ce n’est pas une liste, et ces exemples n’ont pas vocation à l’exhaustivité. C’est simplement un choix fait au hasard pour bien vérifier qu’il y a une présence contemporaine de la gravure, assez solide, mais qui demande encore l’engagement de tous les amateurs et de tous les jours.

En voilà les exemples:
1) À la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris, du 20 novembre 2014 au 9 mars 2015, (http://www.citechaillot.fr/fr/) et en contrepoint à la rétrospective « Viollet-le-Duc », Caroline Challan-Belval présente une série de sculptures, gravures et dessins, inspirés par les collections de la Cité de Chaillot, sous le titre de « Ars Architectonica ». Entre mathématique et symbolique, elle interroge les éléments de l’architecture.

2) Au Musée royal de Mariemont, du 28 février au 31 mai, (http://www.musee-mariemont.be/index.php?id=13004), Morlanwelz nous présente l’exposition « L’ombilic du rêve ». En fait, en opposition à l’inspiration solaire apollinienne, l’inspiration sombre bachique a trouvé, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle chez certains artistes belges et allemands, des interprètes libérés de toute censure intérieure pour ouvrir de nouvelles confrontations explosives du réel avec l’idéal. Institution à vocation scientifique et pédagogique, le musée de Mariemont explore ce courant ‘noir’ à travers quatre artistes majeurs qui cultivèrent, avec passion, le dessin et la gravure, techniques artistiques aptes à traduire leurs fulgurantes visions d’une humanité en peine: les Belges Félicien Rops et Armand Simon, l’Allemand Max Klinger et l’Autrichien Alfred Kubin. Erotisme, onirisme, morbidité, visions de forces obscures, goût du fantastique, rapprochements improbables et provocateurs, tels pourraient être les points communs de ces audacieux artistes représentatifs de notre modernité inquiète, issue de bouleversements historiques, culturels et sociaux qui agitent l’Europe depuis plus d’un siècle.

3) Au Musée des Beaux-arts de Caen, du 28 novembre 2014 au 8 mars 2015, (http://mba.caen.fr/exposition/la-gravure-allemande-a-la-renaissance), on peut visiter l’exposition « La gravure allemande à la Renaissance ». Grâce à l’arrivée de la collection Mancel, le musée de Caen possède depuis 1872 un insigne fonds de gravures allemandes dont près de 200 datant du XVIe siècle(à thèmes figurés), sont présentées en ce moment. À ce véritable Âge d’Or de la gravure germanique qui ne saurait se réduire au grand Dürer, les artistes pratiquèrent et perfectionnèrent toutes les techniques (gravure sur bois, sur cuivre et à l’eau-forte), inventant, par ailleurs, autour de 1505, le procédé en couleur dit du clair-obscur (ou camaïeu), cultivé, malgré les difficultés, sur des formats très réduits.

Voici donc trois exemples de la présence contemporaine de la gravure dans nos musées. Il faudrait que le reste des musées en prennent exemple et que les expositions autour de la gravure se multiplient…A la grâce de Dieu !

Etiquettes: Art contemporain, gravures

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