
Charline Lecarpentier a récemment publié un intéressant article sur les pages de Libération (daté le 8 août) à propos de l’histoire, la situation actuelle et la nouvelle organisation de la Cité des arts, à Paris. D’abord, il faut souligner que depuis un demi-siècle, la fondation Cité des arts accueille à Paris des artistes internationaux dans ses ateliers-logements.
«Telle que je me l’imagine, la Cité serait ouverte aux artistes sans distinction de race ou de nationalité, qui vivraient sous le même toit et – j’ose l’espérer – entre lesquels se créeraient des contacts personnels ne pouvant qu’enrichir leur vie intellectuelle.» C’est une bribe d’un rêve de l’artiste finlandais Ero Snellman, formulé à l’Exposition universelle de Paris en 1937. Les 18.000 artistes qui sont passés par la Cité internationale des arts -au 18, rue de l’Hôtel-de-Ville, à Paris (IVe), face à l’île Saint-Louis témoignent de sa réalisation. Depuis cinquante et un ans, la fondation ouvre ses portes à 53 nationalités avec 325 ateliers-logements où séjournent les artistes pour une durée allant d’un mois à plus d’un an.
Dans cet établissement placé au cœur de Paris, 75 % des ateliers dépendent d’opérateurs (soit fondations, ministères ou associations) qui disposent de leurs propres critères de désignation d’un artiste pour une résidence. Les 25% d’ateliers restants sont attribués via deux commissions, l’une pour la musique et l’autre pour l’art visuel. Celles-ci étant jugées trop «limitatives» par la nouvelle direction, une commission spectacle vivant et une autre dédiée à l’écriture sous toutes ses formes viendront les compléter cet automne (en suivant le mandat biblique : multipliez-vous…).
Bénédicte Alliot, directrice de la Cité des arts depuis 2015, explique que «ces ateliers-logements sont restés dans leur jus et le lieu est dans une phase de transition». Ce lieu de passage, qui s’étend avec quelques ateliers à Montmartre, reste pourtant méconnu du public puisque beaucoup d’artistes repartent montrer leur projet dans leur propre pays. Deux espaces mettent en vitrine les créations des résidents: une galerie -aux murs tristement blancs avant sa rénovation, qui durera six mois- ainsi qu’un auditorium souterrain, où les résidents font résonner pour la première fois leurs projets lors de concerts publics et gratuits.
Outre un nouveau projet architectural, qui permettra une réflexion sur le confort de création de nos jours, l’équipe de la Cité internationale des arts se veut plus en phase avec son époque : «Il existe un atelier pour les réfugiés tenu par la Ville de Paris, et nous accueillons aussi des gens en exil ou qui ne peuvent pratiquer leur art dans leur pays, des femmes entre autres. Nous avons là une vraie réflexion à mener sur la place qu’on doit leur donner dans le contexte actuel», détaille Bénédicte Alliot.
Avec l’avènement du home-studio et des espaces de co-working, la curiosité nous amène à pousser les portes de ces ateliers intimes. Là, nous y trouverons des artistes venus de Taiwan, des États-Unis, du Mexique, de la Finlande ou de la Jordanie, par exemple. Des gens, qu’en empruntant l’ascenseur pour atteindre le 5e étage, auront une superbe vue sur Notre-Dame, une vue qu’admirait aussi Serge Gainsbourg, résident en 1965, et qui recevait sa muse Brigitte Bardot dans son studio de 23 m² avec kitchenette.
Voilà l’air du temps, l’air de tous les temps. Paris, des artistes venus des quatre coins du monde, créativité, mélange, échange, travail en commun, projets partagés, découvertes, plans de futur, spécialistes diverses qui peuvent se croiser… L’art vivant à Paris, à côté de l’île de la Cité, avec des perspectives et des réalités internationales.
Là, où on peut boire du vin sur les balcons; là, où on se rencontre dans les ascenseurs; là, où on fait la fête et où on donne les moyens techniques pour ouvrir de nouveaux moyens d’expression; là, où on peut reprendre à zéro. La vraie vie, quoi!
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