Terminologie utilisée dans la gravure

Terminologie utilisée dans la gravure par Antoni Gelonch-Viladegut, pour la COLLECTION GELONCH VILADEGUT.

INDEX
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

[A]

ACIERAGE
Procédé électrolytique consistant à recouvrir la plaque de cuivre d’une mince pellicule d’acier pour la rendre plus résistante, ce qui permet d’obtenir des tirages plus importants.

ACIERER
Convertir le fer en acier ou bien rendre dur comme l’acier.

ATTRIBUTION
C’est le fait de considérer qu’une œuvre a été crée par un artiste déterminé, à qui on reconnaît comme auteur ou propriétaire.

AUTHENTIFICATION
L’authentification est la procédure qui consiste à vérifier l’identité d’une entité (dans ce cas, une œuvre d’art) faite par un expert, d’accord avec les expertises et connaissances qui doivent permettre d’obtenir un résultat suffisamment clair, vérifiable et constatable avec le support de preuves documentées solides.

[B]

BARBES
Minuscules copeaux de métal déposés sur les bords des sillons (ou tailles) gravés à la pointe sèche ; l’encre retenue par les barbes donne aux traits un velouté caractéristique. Les passages successifs de la presse écrasent les barbes, annulant ainsi cet effet velouté, qui n’est visible que sur les premières épreuves.

BAT
Acronyme de « Bon à tirer ». Dans la technique de la lithographie, le premier exemplaire est annoté BAT, une fois que l’artiste est satisfait du résultat.

Épreuve que l’artiste juge conforme à ses exigences ; en signant et datant cette épreuve, il donne ainsi l’autorisation de tirage.

BEAU METIER
De Dürer à Mohlitz, les graveurs donneront au burin ses lettres de noblesse et leur art sera qualifié de « beau métier ».

BON A TIRER
Voir BAT.

BURIN RANGE
Voir BEAU METIER.

[C]

CACHET DE CENSURE
Les estampes japonaises, entre 1790 et 1876 environ, doivent comporter un cachet de censure kiwame (« approuvé »), obligatoire pour toute publication. La censure ne porte pas seulement sur le sujet de l’œuvre, mais aussi sur son caractère luxueux : ainsi, l’emploi d’un trop grand nombre de couleurs, ou encore les trop grands formats sont interdits

CODES ANGLO-SAXONS DE l’ESTAMPE
Les codes anglo-saxons de l’estampe sont :
C1 Intaglio printing,
C2 Copper engraving,
C3 Etching,
C4 Drypoint,
C5 Aquatint,
C6 Soft ground,
C7 Mezzotint,
C8 Steel engraving,
X Relief printing,
X1 Woodcut,
X2 Wood engraving,
X3 Linocut,
X4 Plaster cast,
X5 Zinc engraving,
X6 Cardboard engraving
L Lithography
S Silkscreen
H Héliogravure
M Monotype
O Offset
Tm Mixed media
Comp Computer

COLPORTEUR
Le colporteur est un vendeur ambulant transportant avec lui ses marchandises de maison en maison. Cette profession a quasiment disparu dans les pays riches, mais reste très présente dans les pays pauvres.

CONSERVATION
Le papier de bonne qualité résiste au temps, s’il est conservé dans des bonnes conditions. Cependant, les estampes peuvent subir des dommages accidentels, réparables dans la plupart des cas. Certaines particularités, inhérentes aux gravures, ne sont pas considérées comme des défauts : c’est le cas, par exemple, des plis d’impression et des plis dans les estampes de grandes dimensions. De petits accidents, comme des éraflures au verso, de légères déchirures sur les bords, des taches dans les marges, affectent peu la valeur d’une œuvre. Pour des dommages plus importants, les restaurations nécessaires doivent être évaluées au cas par cas.

CONTRE-EPREUVE
C’est un monotype tiré à partir d’une épreuve dont l’encre n’est pas encore séchée et qui donne le pâle reflet inversé de l’estampe que l’on vient de tirer.

Estampe qui, posée sur une épreuve fraîchement imprimée, donne l’image inversée, donc dans le même sens que sur la matrice, ce qui simplifie le travail de l’artiste s’il doit faire des retouches

COPIE
De manière générale, ce mot désigne l’action de copier ou son résultat. En particulier le mot peut désigner dans différents domaines :

  • un faux destiné à imiter le produit original pour tromper (faux Picasso, faux en écriture, etc.)
  • une réplique de l’original pour le préserver (Grotte de Lascaux, copie de bijoux, etc.) ou en multiplier les exemplaires (copie de statue, de gravure, etc.).

Dans le domaine des estampes anciennes, désigne une estampe qui en reproduit exactement une autre, sans que l’auteur de cette copie n’appose sa propre signature. Dans le domaine des estampes modernes et contemporaines, se dit d’une estampe dont les mentions ne correspondent pas aux procédés employés lors des phases d’invention, d’exécution ou d’impression. Sont considérées comme des faux les reproductions d’œuvres existantes, quand elles sont réalisées selon des procédés photomécaniques.

COPIE EN CONTREPARTIE
Quand on copie une image en la gravant directement sur la matrice, on obtient une épreuve inversée (droite-gauche) par rapport au modèle. Il s’agit d’un exercice à but didactique, sans intention frauduleuse.

COPYLEFT
Le copyleft est la possibilité donnée par l’auteur d’un travail soumis au droit d’auteur (œuvre d’art, texte, programme informatique, etc.) de copier, d’utiliser, d’étudier, de modifier et/ou de distribuer son œuvre dans la mesure où ces possibilités restent préservées.

L’auteur n’autorise donc pas que son travail puisse évoluer avec une restriction de ce droit à la copie, ce qui fait que le contributeur apportant une modification (une correction, l’ajout d’une fonctionnalité, une réutilisation d’une œuvre d’art, etc.) est contraint de ne redistribuer ses propres contributions qu’avec les mêmes conditions d’utilisation. Autrement dit, les créations réalisées à partir d’éléments sous copyleft héritent de cette caractéristique.

COPYRIGHT
Le copyright, souvent indiqué par le symbole ©, est, dans les pays de common law, l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose une personne physique ou morale sur une œuvre de l’esprit originale. Il désigne donc un ensemble de lois en application, notamment, dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis ; et qui diffère du droit d’auteur appliqué dans les pays de droit civil (tels que la France ou la Belgique).

Bien que les deux corpus de lois tendent à se rejoindre sur la forme grâce à l’harmonisation internationale opérée par la convention de Berne, ils différent notablement sur le fond1. Le copyright relève plus d’une logique économique et accorde un droit moral restreint, là où le droit d’auteur assure un droit moral fort en s’appuyant sur le lien entre l’auteur et son œuvre.

Comme le droit d’auteur, le copyright ne protège pas les simples idées. Son champ est généralement plus large que celui du droit d’auteur, car le copyright protège davantage l’investissement que le caractère créatif. Une seconde différence réside dans l’exigence de fixation matérielle des œuvres, sur un dessin, une partition musicale, une vidéo, un fichier informatique, ou tout autre support. Par exemple, les discours et les chorégraphies ne sont pas protégés par le copyright tant qu’ils n’ont pas été transcrits ou enregistrés sur un support. Sous réserve de cette fixation, la protection du copyright s’applique automatiquement aux œuvres publiées comme non publiées.Un enregistrement volontaire des œuvres auprès d’une administration peut être nécessaire pour apporter la preuve de ses droits devant les tribunaux.

Le titulaire du copyright peut être l’auteur, le producteur ou l’éditeur de l’œuvre. Si l’œuvre a été créée par un employé dans le cadre de ses fonctions, c’est l’employeur qui est seul titulaire du copyright. L’auteur n’a donc pas droit à une rémunération spécifique, en plus de son salaire. Il en est de même pour les œuvres de commande (works made for hire), qui appartiennent au commanditaire et non à l’auteur.

Le droit moral de l’auteur est reconnu par tous les pays de common law qui ont adhéré à la Convention de Berne, tels le Canada ou le Royaume-Uni. Malgré leur adhésion à cette convention, les États-Unis n’appliquent le droit moral qu’au niveau national mais pour certains types d’œuvres seulement. Le droit moral comporte : le droit de paternité et le droit au respect de l’œuvre.

Le droit moral est : limité dans le temps ; transmissible aux héritiers à la mort de l’auteur et susceptible d’aliénation : l’auteur peut y renoncer.

Les droits patrimoniaux confèrent le droit exclusif d’exercer et d’autoriser des tiers à exercer les actes suivants : la reproduction de l’œuvre ; la création d’œuvres dérivées de l’œuvre originale ; la distribution de copies de l’œuvre au public (vente, location, prêt, cession), sous quelque forme que ce soit, et la représentation publique de l’œuvre, avec quelque procédé que ce soit.

COUPE DE BOIS
C’est le nom qu’on donne dans une forêt à un secteur en cours d’exploitation.

[D]

DATE
La date gravée et imprimée est celle de l’exécution de la gravure et non celle de l’impression de l’estampe.

DECAPER
Est l’action de débarrasser un métal de la rouille, de l’oxyde qui s’est formé à sa surface, parce que toute trace de graisse est un obstacle à une aquatinte parfaite.

DÉDICACE
Certaines estampes ou recueils d’estampes comportent une dédicace à un personnage célèbre de l’époque.

Del.
Dans une gravure, mention du dessinateur.

DÉPÔT LÉGAL
Le dépôt légal est l’obligation légale ou l’incitation faite aux producteurs ou aux diffuseurs de déposer dans la bibliothèque nationale du pays ou dans d’autres institutions désignées, un ou plusieurs exemplaires des documents qu’ils produisent ou diffusent. Il vise à assurer le contrôle bibliographique universel et permet l’élaboration et la diffusion de bibliographies nationales.

Le dépôt légal vise à assurer le contrôle bibliographique universel, selon des principes établis à la conférence de Paris organisée par l’Unesco et l’IFLA sur les bibliographies nationales courantes. Ils établissent que le dépôt légal relève de la responsabilité de chaque pays, mais qu’il doit répondre à certaines caractéristiques fixées sur le plan international.

Le dépôt légal a un triple but de conservation, de signalement et de communication des documents :

  • conservation à long terme de tous les documents produits, dans une perspective patrimoniale ;
  • signalement des nouveaux documents dans les bibliographies nationales ;
  • communication des documents signalés, soit en original, soit en reproduction, notamment par le biais du prêt entre bibliothèques.

Le dépôt légal est obligatoire dans la plupart des pays, facultatif mais fortement encouragé dans d’autres. Ainsi, en France, le dépôt légal n’est pas directement lié au droit d’auteur dans la mesure où le dépôt n’est pas une démarche indispensable pour jouir des droits : « L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. » — Code de la propriété intellectuelle, art. L. 111-1. Malgré tout, le dépôt légal constitue une forme de preuve d’antériorité en cas de contestation et d’accusation de plagiat.

Le dépôt légal n’est pas un dépôt au sens civil, dans la mesure où il est généralement obligatoire et où les exemplaires déposés deviennent la propriété de l’État ou de la bibliothèque. Le fondement juridique du dépôt légal est donc une prérogative de puissance publique, au même titre que l’impôt. Dans les pays où il est obligatoire, le fait de ne pas s’y conformer est généralement considéré comme une infraction réprimée pénalement.

Le dépôt légal est actuellement régi par le titre III du livre Ier du code du patrimoine, le décret no 93-1429 du 31 décembre 1993 modifié en 2006 et les textes pris pour leur application.

Sont soumis au dépôt légal non seulement les livres et périodiques, mais aussi les gravures, les films, les enregistrements sonores, des émissions de radio et de télévision, et même les logiciels et les bases de données depuis la loi DADVSI de 2006. Cette même loi a prévu le dépôt légal du Web français, qui se met depuis en place.

Plusieurs institutions sont chargées de collecter et de conserver le dépôt légal :

  • la Bibliothèque nationale de France ;
  • le Centre national du cinéma et de l’image animée ;
  • l’Institut national de l’audiovisuel ;
  • les bibliothèques attributaires du dépôt légal régional, pour les seuls imprimés.

DIFFÉRENTIATION DES ESTAMPES JAPONAISES
Les Japonais différencient plusieurs types d’estampes :

Selon le format du papier utilisé :

  • chūban (25 à 26 cm x 17 à 19 cm),
  • ōban (37 à 38 cm x 25,5 cm),
  • hashira-e (70 à 75 cm x 12 à 14,5 cm),
  • hosoban (33 cm x 15 cm)
  • nagaban (approximativement 20 cm x 50 cm), etc.

Selon l’orientation :

  • tate-e (orientation « portrait »)
  • yoko-e (orientation « paysage »)

Selon les couleurs appliquées et surtout leur nombre :

  • sumizuri-e sans aucune couleur, donc en noir et blanc ;
  • tan-e , sumizuri-e rehaussée à la main de la couleur orange tan ;
  • urushi-e, utilisant une encre épaissie avec de la colle pour la rendre brillante ;
  • beni-e, sumizuri-e rehaussée à la main de la couleur beni ;
  • benizuri-e, colorée par impression avec la couleur beni (le vert étant parfois ajouté) ;
  • nishiki-e, la plus « riche », car faisant appel potentiellement à toutes les couleurs.

Pigments utilisés : Les couleurs utilisées sont nombreuses, faisant appel à des pigments d’origine naturelle (végétale ou minérale), et d’une rare délicatesse de nuance, avant que l’arrivée de colorants chimiques occidentaux ne vienne modifier la donne :

  • sumi : encre de Chine, pour reproduire le dessin lui-même ;
  • tan : rouge d’oxyde de plomb ;
  • beni : rose tiré du safran ;
  • ai : bleu foncé à base d’indigo ;
  • shoenji : rouge extrait du millepertuis ;
  • murasaki : violet (mélange de rouge de millepertuis et de bleu indigo) ;
  • gofun : blanc lumineux à base de poudre d’huître. Uniquement apposé à la main, donc sur des peintures ou, parfois, sur des sumizuri-e rehaussées à la main.

DOMINOTIER
La dominoterie est la conception, la fabrication ou le commerce de papiers peints et imprimés en couleur de motifs géométriques ou floraux que l’on trouve fréquemment autour des imprimés des XVIIIe et XIXe siècles. Intéressant à la fois le spécialiste du livre ancien qui le place à côté des autres types de papier utilisés pour embellir un ouvrage (papiers à la colle, papiers dorés-gaufrés, papiers marbrés, etc.) et celui de l’image imprimée et de l’estampe qui lui le range avec les papiers de tenture, le papier dominoté est une production populaire et utilitaire révélant un monde d’artisanat encore dédaigné par l’historiographie de l’art.

Le dominotier est celui qui s’adonne à cette activité. Les dominotiers, réunis en corporation, avaient le droit de « fabriquer le papier marbré et tout autre papiers diversement peint de figures que le peuple appelait autrefois domino ». Les papiers sont donc imprimés à partir de motifs gravés en taille d’épargne sur du bois et imprimés en couleurs (xylographie). Plusieurs passages peuvent être possible pour obtenir une impression en plusieurs couleurs. Le métier de dominotier se confond souvent avec celui de cartier, les deux métiers utilisant la gravure en bois et le coloriage au pochoir pour leur production populaire. De plus, papiers de tenture et dominos se confondent également : les feuilles fautives ou les chutes de papier du premier sont réutilisées pour couvrir les livres. Cependant, malgré son bas coût, le papier dominoté n’est guère utilisé dans l’édition populaire, les livres populaires se contentant d’une couverture unie.

[E]

EA
Acronyme d’Epreuve d’artiste. Voir EPREUVE D’ARTISTE.

ÉDITEUR
Celui qui publie les estampes et assure leur diffusion.

ÉDITION
Dans le domaine des estampes modernes, désigne les divers tirages, qui se différencient par le papier, l’encre, l’imprimeur.

ÉPREUVE
Exemplaire d’une impression.

ÉPREUVE D’ARTISTE
Épreuve qui ne fait pas partie d’un tirage numéroté et qui est destinée à l’usage personnel de l’artiste. Les épreuves d’artiste représentent en général 10% du tirage.

ÉPREUVE D’ESSAI
Voir ÉPREUVE D’ÉTAT.

ÉPREUVE D’ÉTAT
Épreuve tirée en cours de travail pour permettre de suivre l’évolution de celui-ci et de voir si des modifications sont nécessaires.

ÉPREUVE D’IMPRIMEUR
Épreuve destinée aux collaborateurs de l’atelier. Les épreuves d’imprimeur ne portent aucune numérotation ni annotation.

ÉPREUVE HORS COMMERCE
Voir ÉPREUVE D’IMPRIMEUR.

ÉPREUVE DITE NATURE
C’est une épreuve où les noirs et les blancs correspondent exactement aux tailles et aux absences de taille de la plaque.

ESTAMPE
Terme utilisé pour désigner l’image imprimée sur papier ; c’est l’empreinte réalisée à l’encre sur un support (généralement une feuille de papier) à partir d’une matrice. Sont considérées comme des estampes les images imprimées obtenues par les procédés d’impression modernes et contemporains.

ESTAMPE D’INTERPRETATION
Une estampe est qualifiée d’« originale » lorsque le support imprimant (planche en bois, plaque de métal, pierre lithographique) a été réalisé par l’artiste. L’élément imprimant exécuté par un homme de métier, d’après l’œuvre d’un artiste, ne donne lieu qu’à une estampe d’interprétation.

Cette différenciation posait encore quelques problèmes et l’on a eu recours à la loi pour trancher le débat : « Sont considérées comme gravures, estampes et lithographies originales les épreuves tirées en noir ou en couleurs, d’une ou plusieurs planches, entièrement conçues et réalisées à la main par le même artiste, quelle que soit la technique employée, à l’exclusion de tous procédés mécaniques ou photomécaniques. » (Texte de loi de 1967 reprenant la définition du Comité de la gravure française de 1936.)

Cependant, il faut constater que malgré l’existence d’un texte de loi, la délimitation entre estampe originale et estampe d’interprétation n’est pas aussi simple à définir, en tout cas d’un point de vue qualitatif.

ESTAMPE ORIGINALE
Voir ORIGINAL.

ESTAMPE ORIGINALE JAPONAISE
La fabrication d’une estampe japonaise ne fait pas seulement intervenir l’artiste ; le dessin qu’il a réalisé n’est que la première étape d’un processus complexe, faisant appel à plusieurs intervenants (l’artiste, l’éditeur, le(s) graveur(s), le ou les imprimeurs).

La connaissance de quelques points de cette fabrication est indispensable pour bien comprendre ce qu’est une « estampe japonaise originale » :

  • chaque estampe imprimée à partir des plaques de bois gravées originales est un original, et il n’y a pas d’autre œuvre originale : le dessin préparatoire d’origine (le shita-e, « l’image de dessous »), réalisé par l’artiste lui-même est généralement totalement détruit par le processus de gravure de la planche portant les traits de contours. Qui plus est, même lorsque le dessin original est conservé (en général parce que l’artiste a fait graver une autre version du dessin), il est fréquent qu’il ne paraisse pas « terminé », et qu’en particulier, il ne porte aucune couleur ; on trouve aussi des dessins originaux comportant des empiècements de morceaux de papier découpés, puis collés sur les parties à corriger, qui sont les repentirs de l’artiste;
  • ce n’est pas l’artiste lui-même qui grave les plaques de bois originales, mais un graveur très expérimenté, qui peut être connu de l’artiste, qui supervise personnellement l’édition en tout état de cause. Toute regravure ultérieure de l’œuvre, effectuée sans la supervision de l’artiste, ne sera donc pas un original, quelle que soit sa qualité d’exécution. En revanche, le succès de certaines estampes (telles que la série du Tōkaidō d’Hiroshige) a pu être tel qu’il a nécessité plusieurs regravures voulues par l’artiste, d’ailleurs pas toujours identiques ;
  • ce n’est pas le graveur qui va imprimer les estampes finales, aboutissement du processus, mais des artisans spécialisés, utilisant le baren (tampon de bambou servant à frotter le papier sur la planche encrée) et le kento (pour s’assurer que chaque planche vient exactement s’imprimer à sa place, sans mordre sur les autres) ; l’impression des différentes couleurs se fait dans un ordre précis, pouvant impliquer jusqu’à une dizaine d’impressions successives, en commençant par le noir ;
  • il peut exister plusieurs versions originales d’une même estampe ; l’un des exemples les plus connus est un portrait de Naniwaya Okita tenant une tasse de thé, fait par Utamaro : la première version comporte un rébus pour transcrire le nom de la belle Okita en dépit de la censure ; lorsque même les rébus furent interdits pour désigner les modèles, Utamaro le remplace par le portrait d’un poète. Sans aller jusqu’à cet exemple extrême, les variantes de l’arrière-plan d’une estampe sont fréquentes.

Le premier tirage de l’estampe se poursuit jusqu’à ce que l’usure du bois commence à donner des traits moins nets et des repères de couleurs moins exacts ; l’édition originale est alors en principe terminée, ce qui peut représenter un total de l’ordre de trois cents estampes environ. Cependant, la résistance du bois permet des tirages beaucoup plus importants dans des conditions acceptables de qualité (comme on le voit sur des regravures modernes) et, dans la mesure où les estampes de la toute première série n’étaient pas physiquement identifiées, on ne peut pas aujourd’hui connaître, ni le rang d’édition d’une estampe, ni l’importance réelle du tirage.

ETAT
Chaque fois que l’artiste apporte des modifications à son dessin sur la matrice, on appelle cela un état. On parle de premier état, deuxième état, etc. Chez certains artistes, les états d’une même gravure peuvent être nombreux et différer considérablement entre eux. Ils présentent l’intérêt de suivre l’évolution du travail de l’auteur. Les premiers états sont souvent très recherchés par les collectionneurs.

Excud.
Dans une gravure, est la mention de l’éditeur, dont l’excudit, et semble indiquer plus précisément qu’il est propriétaire de la planche, donc des droits de reproduction.

[F]

FAUX
Voir COPIE.

Fec.
Dans une gravure, mention du fabricant

FILIGRANE
C’est la marque de fabrique d’une papeterie. Le filigrane est un motif en fil de laiton, cousu sur le tamis sur lequel est appliquée la pâte à papier ; à l’emplacement du relief du filigrane, le « manque » de pâte révèle le motif par transparence, une fois le papier sec. L’étude des filigranes, avec dates et lieux de fabrication ou d’utilisation précis, aide à l’attribution et à la datation des estampes et des dessins, avec toutefois une marge d’approximation.

FISSURE
Voir CRAQUELURE.

FORMAT DES ESTAMPES JAPONAISES
Pour les estampes japonaises, le format de papier le plus couramment utilisé est le oban ; les autres formats sont, notamment : chuban, aiban, nagaban, tanzaku et kakemono.

FORMATS DE PAPIER
D’une manière générale, on peut distinguer parmi les papiers pour estampe, ceux qui sont destinés à subir un relief, du fait de la plaque imprimante, et ceux qui ne reçoivent qu’une impression à plat. Les premiers sont les papiers à taille-douce qui reçoivent, d’une part, le coup de planche et, d’autre part doivent se gaufrer dans les tailles ; ce sont également tous les papiers à estampage. Ces papiers sont souvent utilisés humides et, de ce fait, doivent pouvoir résister au mouillage et au trempage. Les seconds sont tous les papiers pour lithographie, sérigraphie, offset… et, dans une certaine mesure, pour la gravure sur bois, l’écrasement des parties imprimées ne créant pas de véritable enfoncement. Les marques sont relativement nombreuses : Abbey Mills Text, Arjomari, Arches, japon nacré, Rives pur chiffon, Johannot, Arches 88, Moulin de Laroques, Canson et Montgolfier, Fabriano, Rosaspina, Van Gelder, Richard de Bas

Quelques formats contemporains : A0 = 841 x 1 189 mm – A1 = 594 x 881 mm – A2 = 420 x 594 mm – A3 = 297 x 420 mm – A4 = 210 x 297 mm – A5 = 148 x 210 mm.

Principaux formats traditionnels : Couronne : 36 x 46 cm – Double couronne : 46 x 72 cm – Coquille : 44 x 56 cm – Raisin : 50 x 65 cm – Jésus : 56 x 76 cm – Double colombier : 90 x 126 cm.
Et, pour finir : 1 rame = 500 feuilles ; 1 demi-rame = 250 feuilles ; 1 ramette = 125 feuilles (1/4 de rame) ; 1 main = 25 feuilles.

[G]

GRAVER
Le fait de « graver » représente de creuser ou d’inciser un matériau.

GRAVURE
Gravure est un mot polysémique qui désigne, dans les pratiques artistiques:

  • une technique, le fait de « graver », c’est-à-dire de creuser ou d’inciser un matériau ; par extension la gravure désigne aussi un ensemble de techniques utilisées en art ou en reprographie, ne nécessitant pas toujours de graver le matériau ;
  • l’œuvre finale obtenue par l’utilisation de l’une des techniques de gravure ; cette œuvre sera le matériau gravé lui-même ou bien encore une transposition d’après celui-ci.

Par abus de langage, on confond souvent « gravure » et « estampe », la dénomination d’estampe, ou tirage, étant réservée à l’image obtenue par impression, après encrage, d’une matrice ou d’une planche gravée.

La gravure est considérée, avec l’architecture, la peinture, la sculpture, la musique et la danse, comme l’un des beaux-arts.

GRAVURE D’ARTISTE
Voir ORIGINAL.

GRAVURE DE REPRODUCTION
Le mot reproduction peut désigner l’action de reproduire et son résultat : dans le domaine culturel, une reproduction est la production d’une copie indistingable du modèle (photographie, imprimerie, gravure, etc.)

GRAVURE ORIGINALE
Voir ORIGINAL.

[H]

HC
Voir ÉPREUVE HORS COMMERCE.

HC est l’acronyme de Hors Commerce

HORS COMMERCE
Voir HC.

[I]

INCUNABLES XYLOGRAPHIQUES
Les bois gravés étaient utilisés pour imprimer des livres bon marché, comme des grammaires destinées aux étudiants. Le dominotier taillait les lettres de la page à imprimer dans le bois. Ce travail très fastidieux empêchait toutes modifications par la suite et les caractères étaient irréguliers en forme. Les livres européens où le texte et les images sont gravés dans le même bloc de bois sont appelés incunables xylographiques.

La gravure terminée, le dominotier enduit la plaque de bois d’encre à l’aide d’une balle, presse fortement la feuille sur le bloc de bois avec une presse à vis, et met la feuille à sécher, étendue sur une corde à linge.

Les impressions successives détériorent le bois ; le développement des caractères mobiles achève définitivement cette technique d’impression des textes. La gravure sur bois continuera d’exister pour les images.

Inv.
Dans une gravure, mention de l’inventeur du motif.

[J]

JUSTIFICATION
La ou les pierres servent pour le tirage du nombre d’exemplaires de lithographies voulu. Le premier exemplaire est annoté BAT (pour « bon à tirer ») une fois que l’artiste est satisfait du résultat.

Les autres exemplaires sont numérotés sur le nombre total d’épreuves tirées, par exemple 25/100 pour le 25e tirage d’une lithographie tirée à 100 exemplaires. Avant d’être numéroté et signé par l’artiste, chaque exemplaire est comparé au BAT et jugé en fonction de celui-ci. Quelques exemplaires sont annotés EA (« épreuve d’artiste ») et HC (« hors commerce »), et sont réservés au graveur et à l’imprimeur.

Après le tirage du nombre d’exemplaires voulu, les pierres sont traitées, polies, le dessin disparaît définitivement, ce qui garantit la régularité du tirage officiel. Les pierres peuvent resservir indéfiniment dès lors qu’elles sont polies et traitées convenablement.

[K]

[L]

[M]

MARGES
Bords du papier à l’extérieur de l’image. Les marges peuvent être irrégulières, ou bien non coupées, c’est-à-dire que la feuille de papier est telle qu’à sa sortie de la papeterie. Leur présence et leur largeur ont commencé à avoir de l’importance pour les collectionneurs à partir du Xxè siècle –importance non justifiée selon certains artistes qui préconisent de couper les marges lors de l’impression, comme le faisait Whistler. La valeur des marges, pour une estampe d’art, est fonction de la disponibilité de l’oeuvre sur le marché et de son époque; en général, plus elle est ancienne et importante, plus l’absence de marges ou la présence de marges rognées est acceptée.

Il faut tenir compte aussi du fait que, jusqu’au XIXè siècle, les collectionneurs coupaient les marges des estampes aux dimensions des classeurs dans lesquels ils les collaient. D’une manière générale, pour les estampes du Xvè et du XVIè siècle, on admet une image incomplète et l’on considère que l’estampe est excellente si l’image est complète à l’intérieur de la cuvette. Pour les estampes du XVIIè. Siècle, une oeuvre est considérée comme acceptable si l’image est complète (avec la cuvette), bonne si elle comporte un filet de marge en plus de la cuvette, excellente si elle présente des marges de 4 ou 5 millimètres, exceptionnelle au-delà d’un centimètre. Quant aux estampes du XVIIIè. Siècle, il est indispensable qu’elles comportent, en plus de la cuvette, une marge de quelques millimètres au moins, sauf s’il s’agit d’épreuves de qualité remarquable, auquel cas on accepte qu’elle ne comporte que l’image et la cuvette; les estampes sont considérées comme bonnes si les marges sont comprises entre 1 et 3 centimètres, excellentes entre 3 et 5 centimètres, et exceptionnelles si les marges dépassent 5 centimètres ou si elles ne sont las coupées. Pour les estampes modernes et contemporaines, les marges ne doivent pas être coupées, sauf volonté contraire de l’artiste. On parle de marges très petites jusqu’à 1 millimètre, petites de 1 à 2 millimètres, bonnes de 4 à 15 millimètres, grandes au-delà de 15 millimètres.

MARQUE DE COLLECTION
Symbole, cachet ou signature apposés par les collectionneurs ou les musées, au recto ou au verso des estampes, pour indiquer qu’ils en sont propriétaires.

MESURES
Les mesures sont généralement prises aux limites de l’image et indiquées en centimètres, la première pour la hauteur, la seconde pour la largeur. Parfois, les mesures utilisées sont celles des formats de papier (largeur x hauteur):
Colombier: 63 x 90 cm
Impérial: 58 x 80 (proche du format Éléphant: 62 x 77 cm).
Raisin: 50 x 65 cm
Pour les estampes réunies en volume, on peut également trouver les formats utilisés pour les livres:
In-folio: plus de 30 cm de haut,
In-quarto: de 25 à 30 cm de haut,
In-octavo: de 20 à 25 cm de haut,
In-seize: de 15 à 17,5 cm de haut.

[N]

[O]

ORIGINAL
Pour les estampes anciennes, une estampe est dite original si c’est le même artiste qui l’a conçue et gravée sur la plaque. On considère généralement aussi comme originales certaines estampes d’interprétation (dont celles de Brueghel, Boldrini, Raimondi, Demarteau, Giandomenico Tiepolo, Zocchi), parce que les relations entre le créateur et le graveur étaient très étroites. De plus, dans certains cas, l’œuvre a été conçue dans l’intention délibérée de la traduire en gravure. Pour les estampes modernes et contemporaines, la définition de l’originalité est plus complexe.

[P]

PAO
Acronyme de Publication Assistée par Ordinateur.

Pinx.
Dans une gravure, mention du peintre.

PONCER
Poncer la planche dans la technique de l’aquatinte fait que le métal maté retienne mieux les préparations et permet aussi les demi-teintes plus nuancées.

PROVENANCE
Les estampes ayant fait partie d’une collection portent, au recto ou au verso, une marque ou un cachet. Une grande partie de ces marques de collections a été répertoriée.

[Q]

QUALITÉ
La qualité d’une estampe dépend de deux facteurs : le soin avec lequel elle a été, d’une part, imprimée (à partir d’une matrice en bon état) et, d’autre part, conservée (de manière à préserver ses caractéristiques d’origine). Elle n’est pas liée à sa rareté ni à l’originalité de la création. La liste des adjectifs généralement employés pour désigner la qualité d’une estampe comprend, entre autres : admirable, très belle, belle, médiocre, fatiguée, pauvre.

[R]

RARETÉ
Elle peut concerner le nombre total d’épreuves imprimées, répondre à la loi de l’offre et de la demande, ou encore se référer à la disponibilité d’estampes correspondant à un état, une édition ou une variante particulière. Pour les estampes modernes et contemporaines, la rareté est parfois créée de manière artificielle (tirages trop limités).

REMARGÉE
Se dit d’une estampe dont les marges ont été reconstituées.

ROUSSEURS
Petites taches brunes causées par l’oxydation de certains éléments du papier, ou provenant de matériaux entrés au contact de l’estampe, tels que papiers, cartons ou boîtes de protection.

[S]

Sculp, inc.
Dans une gravure, mention du graveur

SÉLECTION
Dans la technique de la photogravure, la sélection (ou séparation des couleurs) qui consiste à extraire de l’image globale les 3 composantes « couleurs primaires » (cyan, magenta et jaune) et du noir, afin d’obtenir une « quadrichromie ». Ces quatre sélections sont ensuite tramées afin que les différentes valeurs soient reproduites en différentes teintes à l’impression grâce à des « points de trames » plus ou moins gros (visibles à l’aide d’un « compte-fils »). Ces quatre éléments tramés sont ensuite copiés sur la plaque d’impression ou « forme imprimante » et imprimés sur les presses à l’aide des quatre encres primaires (cyan, magenta, jaune et noir).

SIGNATURE
Pour les estampes anciennes, quand elle est présente, la signature est gravée sur la plaque. Pour les estampes modernes et contemporaines, elle est souvent inscrite au crayon dans la marge de la feuille de papier. L’authenticité d’une estampe, quelle que soit l’époque, n’est pas liée à la présence de la signature de l’artiste.

SIGNATURE INVERSÉE
Il arrive parfois que l’artiste grave sa signature à l’endroit sur la plaque, comme il le ferait sur une feuille de papier ; par conséquent, sa signature apparaît inversée sur l’estampe.

[T]

TAMPON « DOUBLETTE »
Figure sur les estampes vendues par les musées qui en possèdent plusieurs exemplaires.

TARDIVE
Une estampe tirée après la mort de l’artiste est dite tardive. Les épreuves tardives sont authentiques parce qu’elles ont été imprimées à partir de la matrice d’origine.

TIRAGE
Le tirage est l’impression d’estampes, réalisée à partir de la matrice. Ce terme, employé surtout pour les estampes modernes et contemporaines, désigne aussi le nombre d’exemplaires imprimés en une seule fois. Les épreuves appartenant à un premier tirage d’une œuvre sont très recherchées des collectionneurs. Un tirage limité de dépasse pas 100 ou 150 exemplaires. Par extension, le mot tirage est devenu synonyme d’édition.

TRAME
En imprimerie, une ‘trame’ est une surface constituée de points ou de lignes dont l’espacement et l’épaisseur donnent visuellement un effet de valeur entre le blanc et le noir. L’indication de la trame correspond au nombre de points que l’on a sur une surface donnée.

[U]

[V]

VARIANTE
Quand les modifications portées sur la plaque ne sont pas voulues par l’artiste mais accidentelles, on parle alors de variantes plutôt que d’états. Certains qualifient de variantes également des séries d’estampes imprimées sur des papiers spéciaux. Il n’est pas rare qu’une estampe présente des caractéristiques communes à plusieurs variantes.

[W]

[X]

[Y]

[Z]